Société Française d'Endocrinologie et Diabétologie Pédiatrique
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PERTURBATEURS ENDOCRINIENS

Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien ? 

Un perturbateur endocrinien (PE) est, selon l’OMS, une substance chimique d’origine naturelle ou synthétique, étrangère à l’organisme, et susceptible d’interférer avec le fonctionnement normal du système endocrinien, c’est-à-dire des cellules et organes impliqués dans la production des hormones et leur action sur les cellules dites « cibles » via des récepteurs. Leur exposition, particulièrement pendant les périodes sensibles du développement, peut avoir des conséquences à long terme sur la santé. 

 

Où sont les perturbateurs endocriniens ? 

De très nombreuses substances sont considérées perturbateurs endocriniens, et classées par l’ANSES selon le niveau de preuve (avéré, présumé, suspecté). Les perturbateurs endocriniens présumés connus actuellement ne constituent, d’après l’OMS, que la partie émergée de l’iceberg. 

Leurs mécanismes d’action particuliers (effets pour de faibles doses d’exposition, relation dose-réponse non monotone, effet cocktail, toxicité différée, effet trans-générationnel) et l’exposition ubiquitaire de la population, sans comparaison possible à des sujets non exposé, rendent leur identification d’autant plus complexe. 

 Pour en savoir plus sur les mécanismes d’action des PE

Ces substances sont retrouvées dans de nombreuses sources : certaines sont uniquement employées lors des processus industriels, mais vont contaminer l’eau, la terre (et l’alimentation) et l’air ; d’autres sont présentes dans des produits de consommation courante (contenants alimentaires, cosmétiques, textiles, ameublement…), des produits phytopharmaceutiques, des biocides ou des médicaments. Les études de biosurveillance françaises et européennes montrent que la population est imprégnée de façon ubiquitaire (par exemple, l’étude française Esteban a retrouvé 100% de présence de bisphénols (A, F et S), de phtalates, de parabènes, d’éthers de glycol, de retardateurs de flamme et de composés perfluorés (PFOA, PFOS) dans les échantillons urinaires de la population  entre 2014 et 1016 ; et 99% des femmes enceintes de la cohorte Elfe étaient imprégnées par des phtalates en 2011). Les niveaux d’imprégnation étaient plus élevés chez les enfants. 

 

Des phases de vulnérabilité 

Les enfants sont une population particulièrement fragile, en particulier pendant le développement foeto-embryonnaire, la petite enfance, et la puberté.  

La période d’exposition la plus critique correspond à la vie embryonnaire et foetale, moment de grande vulnérabilité de l’être humain en construction, du fait du nombre très important de divisions cellulaires et de la différenciation des cellules mettant en jeu des remaniements épigénétiques. Le petit enfant est vulnérable : certaines fonctions biologiques sont encore en développement ; les apports relatifs sont plus élevés pour les expositions aux facteurs environnementaux (ils consomment plus de nourriture, boivent plus d’eau et ont des fréquences de respirations plus élevées que les adultes en proportion de leur taille et de leur poids), et certains de leurs comportements accroissent leur niveau d’exposition (marche à quatre pattes, jeux au sol, objets portés à la bouche…). 

 

Impacts potentiels sur la santé 

Les effets sanitaires des perturbateurs endocriniens, classés selon le niveau de preuve dans l’étude PEPS’PE de Santé publique France (2021), incluent des pathologies du système reproducteur, des cancers, des troubles du neurodévelopement, des troubles métaboliques, des troubles immunitaires et inflammatoires. Tous ces impacts sanitaires sont considérés comme étant multifactoriels. 

Etude PEPS’PE, Santé publique France (2021)

 

Action des pouvoirs publics :  

La France a été un des pays précurseurs en Europe sur le sujet des PE avec l’interdiction du bisphénol A dans les biberons et les contenants alimentaires (2012). Les ministères chargés de la Santé et de l’Écologie ont lancé la première stratégie  Nationale sur les Perturbateurs Endocriniens (SNPE) en 2014 puis la seconde en 2019 (SNPE 2), avec trois objectifs : former et informer, protéger la population, et améliorer les connaissances. 

Toutefois, le cadre règlementaire et la régulation de l’utilisation des substances sont complexes, en partie parce qu’ils reposent sur des preuve de toxicité (parfois difficiles à établir), plutôt que sur un principe de précaution, avec une intrication d’enjeux économiques et d’enjeux de Santé publique.  

La mission conjointe de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) en 2024 dresse un bilan mitigé de la SNPE2 : des avancées ont été faites (notamment en matière de réglementation, de recherche et d’information des futurs et jeunes parents), mais elles restent bien en deçà des objectifs fixés, surtout en ce qui concerne les contrôles et la réduction des émissions.  

 

Rôle du pédiatre  

Sans tenir un discours anxiogène, les pédiatres doivent pouvoir sensibiliser les parents aux risques et aux mesures préventives pour réduire l’exposition de leurs enfants. Il faut pouvoir rappeler que l’exposition à ces substances n’engendre pas systématiquement un risque poru la santé, mais que le risque peu augmenter en cumulant toutes les sources. Il s’agit donc de conseiller de tendre vers la sobriété chimique. 

Les documents destinés au grand public se multiplient et peuvent servir de support d’information. 

 

Documents d’information grand public

  • Fiches du Ministère de la Santé – Santé publique France – ANSES

Pour le patient : https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/outil_pe_patient_limiter_les_expositions.pdf

Pour le praticien : https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/outil_pe_praticien_mieux_comprendre.pdf

 

  • Site des 1000 premiers jours

Informations écrites et vidéo : https://www.1000-premiers-jours.fr/fr/limiter-les-perturbateurs-endocriniens

 

Risques environnementaux dans la maison pièce par pièce : https://www.1000-premiers-jours.fr/fr/en_pratique

 

 

 

Pour aller plus loin

 

Cohortes françaises (non exhaustif)

  • Esteban 

Esteban est une étude nationale de santé publique. Elle vise notamment à mesurer notre exposition à certaines substances de l’environnement, à mieux connaître notre alimentation et notre activité physique et à mesurer l’importance de certaines maladies chroniques dans la population.

https://www.santepubliquefrance.fr/etudes-et-enquetes/esteban

  • Sepages

La cohorte couple-enfant SEPAGES (Suivi de l’Exposition à la Pollution Atmosphérique durant la Grossesse et Effet sur la Santé) , dans la région grenobloise, vise à caractériser l’exposition des femmes enceintes et enfants aux contaminants de l’environnement et à étudier l’effet de ces contaminants sur la santé de la femme enceinte, du fœtus et de l’enfant.

 

  • Elfe

Grande étude scientifique d’envergure nationale consacrée au suivi des enfants, de la naissance à l’âge adulte, qui aborde les multiples aspects de leur vie sous l’angle des sciences sociales, de la santé et de l’environnement.

https://www.elfe-france.fr/

 

  • Pelagie

L’étude PÉLAGIE (Perturbateurs Endocriniens : Étude Longitudinale sur les Anomalies de la Grossesse, l’Infertilité et l’Enfance) a été mise en place pour répondre aux préoccupations de santé des enfants et adolescents dues à la présence de composés toxiques dans nos environnements quotidiens. Il s’agit d’un suivi d’environ 3500 mères-enfants réalisé en Bretagne depuis 2002.

https://www.pelagie-inserm.fr/

  • Cohorte Timoun

Etude prospective (cohorte Timoun) en Guadeloupe dont l’objectif est de mieux comprendre les facteurs de risque de prématurité dans une population d’ascendance africaine. Etudie entre autres l’impact de la pollution environnementale par le chlordécone.

https://www.irset.org/fr/axe-1-elixir-expositions-aux-contaminants-environnementaux-au-debut-de-la-vie-sante-de-la-mere-et

 

Réglementation, actions des pouvoirs publics

 

Formations existantes

  • Perturbateurs endocriniens et risque chimique autour de la périnatalité et l’enfance : les outils pour comprendre et agir (EHESP, Ecole des hautes études en Santé publique, formation continue)
  • DIU Santé Environnementale de N. Chevalier/F. Paris Nice /Montpellier
  • DUME (Diplôme Universitaire Médecine Environnementale) du CHU de Créteil (Dr Joël Spiroux de Vendômois)

 

Vidéos

Topo Perturbateurs endocriniens de Patricia Bartaire journées de la SFEDP 2023 : lien à trouver !

Vidéo Jeudis de l’ordres Pertutbateurs endocriniens, S. Castets, 2024 : https://www.youtube.com/watch?v=QqhQ8xmDHcM

 

 

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